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Il y a 20 ans : Martin, la tempête du siècle

Comme pour les attentats du 11 septembre, chaque habitant du Sud-Ouest se rappelle ce qu’il faisait le soir du 27 décembre 1999. Que l’on soit arc-bouté derrière la table du salon pour empêcher l’ouverture de portes-fenêtres sans volets ou coincé pendant des heures sur le bac de Lamarque à BLaye, on se souvient de Martin, la « tempête du siècle ».

La veille, Lothar avait surtout touché le Nord de la France, ravageant les jardins du château de Versailles et la forêt des Vosges. Dans la matinée du 27 décembre, Météo France alerte sur une nouvelle dépression, annonçant d’abord des rafales comprises entre 100 et 130 km/h avec des pointes à 150 km/h, bientôt réévaluées. À Bordeaux, le vent souffla à 144 km/h et atteignit 173 km/h à la pointe du Cap-Ferret.

Les dégâts sont considérables. Le massif forestier est mis à terre, une centaine de communes sont noyées sous les eaux et 2 millions de personnes se retrouvent sans électricité. À Bordeaux, les pluies torrentielles associées à la marée font déborder la Garonne et inondent les quais. L’eau lèche les voûtes du pont de Pierre, atteignant les plus hauts niveaux connus (7,05 m à l’échelle du pont de Pierre). La ville se retrouve coupée du monde, trains et avions à l’arrêt, portables muets faute de relais.

Le bilan humain aussi est lourd : 2 morts en Gironde et Dordogne, 1 dans les Landes, souvent écrasés dans leur voiture par des arbres.

L’impact est fort sur le Blayais. Les digues rompent. À Blaye, dans le centre, la barge d’accostage, de plusieurs tonnes, emportées sur 300 m, s’arrête à quelques mètres seulement des magasins. À Saint-Ciers, des agriculteurs ont tout perdu (bâtiments détruits, bêtes noyées ou isolées sur des îlots). On frôle la catastrophe à la centrale nucléaire du Blayais qui doit stopper deux de ses réacteurs, système de refroidissement hors service. Les sylviculteurs des landes de Gascogne, quant à eux, ont tout perdu : 3 années de récolte de pins maritimes balayées en moins de six heures. Le 2e secteur économique de la Région est sinistré. Les pins déchiquetés, où ne subsiste que la « chandelle », sont tout juste bons pour la pâte à papier. Les pertes financières sont lourdes.

UN AVANT ET UN APRÈS

Cet événement extraordinaire va réveiller les consciences. Il y aura un avant et un après 27 décembre 1999. Météo France va adopter son code d’alertes à quatre couleurs. EDF se lance dans un programme de grande ampleur pour enfouir peu à peu les lignes électriques ou les détourner des zones boisées. Le syndicat des propriétaires du marais prend conscience qu’il doit agir. Il décide de refaire les digues, pas forcément plus hautes, mais plus larges et de les entretenir. Selon son président Stéphane Raymond, « aujourd’hui, on ne risquerait pas une inondation d’un mètre. On pourrait subir un débordement, qui lui est supportable » de 10 à 20 cm.

À la centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis, on retravaille tout en fonction de ces problématiques d’inondation, d’irruption de l’eau dans les sous-sols. On édifie des digues de 9 m de haut. Le président du SIVOM du canton de Saint-Ciers-sur-Gironde Philippe Plisson (entré en politique il y a 50 ans pour son opposition à la centrale), l’affirme haut et fort : « Aujourd’hui, la centrale ne serait pas submergée. Les routes seraient noyées mais la centrale, elle, serait hors d’eau ».

L’événement a néanmoins marqué la région. Il y a vingt ans, en cette fin décembre, alors que l’on attendait l’arrivée de l’an 2000, dans le Sud-Ouest et la région Aquitaine le « bug » ne fut pas informatique mais climatique… Et *les rafales qui se sont abattues sur notre région le week-end dernier montrent que a problématique tempête se pose toujours avec la plus grande acuité.

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